LE VÉTÉTISTE EST UN GUERRIER !!!
Tout est parti d’une question très sérieuse posée un jour par un néophyte.
Et, c’est vrai qu’il était temps que l’on y réponde : "Qui sont les vététistes ?"
"D’où viennent-ils ?" L’enquête n’était pas facile. Voici la pénible vérité.
Le vététiste a la trentaine, un boulot tranquille, une femme et deux enfants.
Sportif, il s’est découvert cette passion sur le tard, à l’âge où la quiétude du foyer commence parfois à endormir et à faire pousser le bide, à ce moment où beaucoup vivent dans une certaine routine.
Et c’est là que le VTT entre en scène, car c’est un compagnon simple et facile, qui peut se partager entre amis ou non, et qui transpose l’aventure à deux pas de chez soi.
Timidement au départ, il goûte aux joies d’une liberté retrouvée, car le VTT est indomptable.
A la monotonie de la vie, le VTT apporte la variété, aux « steak-hachés-frites » du samedi midi, il fait préférer la ration de survie.
Le vététiste entre dans l’air de la débrouille, s’autorise la saleté et s’accorde la pause « pain-beurre-chocolat » tant méritée. Le casque sur la tête, il devient ce guerrier, en lutte contre lui-même, contre cette vie dans laquelle il pourrait s’enfermer.
Mais surtout, quand certains ronronnent, il fait du VTT pour ne pas se tromper, ce n’est pas la maîtresse qu’il part voir en douce, c’est cet engin de plaisir qu’il va chevaucher, et il y met de la rage et tout son cœur, la vie quoi ! il se met « minable ».
Rouler et se dépenser, il n’y a plus que cela qui compte désormais.
De cette vie tranquille, il cherche à s’éloigner, de ce trajet qui mène du boulot au dodo, et qu’il connaît les yeux fermés, il cherche à se détourner.
Comme il est bon de se perdre en VTT, et de rentrer sale et vidé, il s’autorise tout, la vraie aventure, la jouissance presque… Mais le mieux, c’est quand il pleut, quand il y a du vent, un bourbier terrible dans lequel il a fallu passer. C’est comme ça que les histoires de guerriers légendaires naissent et que la horde s’unit devant l’adversité.
Il a vaincu les éléments déchaînés, il a terrassé l’ennemi, il se moque bien du chrono, qui est pour ceux dont toute la vie est minutée, programmée : arrivée à telle heure, se coucher à telle heure avant la course…
Non, le vrai guerrier veut un parcours le plus éprouvant possible, il veut rentrer chez lui en vainqueur, après avoir sublimé la quête ultime : l’homme contre la nature.
Le vététiste est comme le skipper sur les océans, l’alpiniste en montagne… La nature l’impressionne et lui fait peur, il met un point d’orgue à vouloir la défier, pour mieux la respecter.
Plus tard, au coin du feu, il se souviendra longtemps de cette montée impossible dans laquelle il a failli renoncer, de cette chaîne cassée qu’il a fallu réparer, de ces crevaisons à n’en plus finir, de ces crampes qui l’ont fait souffrir à la fin de la sortie et du bonheur partagé dans la souffrance avec ses compagnons de croisade… alors il s’endort, heureux, apaisé, dans les bras de sa bien-aimée.
C’est le repos du guerrier.
Ingrid Samson.